
Vous êtes témoin ou victime d’une agression sexuelle ? Une application mobile – HandsAway – permet d’alerter toutes les personnes branchées aux alentours afin qu’elles puissent vous venir en aide.
Créée par Alma Guirao, une parisienne de 29 ans elle-même victime de plusieurs agressions, HandsAway permet de réagir soit en intervenant soi-même si on se trouve pas loin de l’endroit où l’alerte est lancée, soit de décrire l’agression et de prendre des enregistrements, soit de «créer un dialogue avec la victime». Empruntant son vocabulaire aux Etats-Unis, Alma Guirao se définit comme Street Angel n°1 et invite tous les utilisateurs-ices de HandsAwayà participer eux-mêmes à ce mouvement citoyen : «Une victime ou un témoin d’une agression sexiste peut 1. Géolocaliser le lieu de l’agression et 2. Prévenir instantanément les street angels à proximité. Une notification/push sera alors envoyée.»
«Dans l’application, un utilisateur peut : 1. Définir le type d’agression sexiste (verbale ou physique), 2. Indiquer le lieu de l’agression sexiste (rue ou transports en commun) 3. Préciser la gravité de l’agression sexiste (en écrivant ou en enregistrant un message).
«HandsAway a également mis en place dans l’application, une partie éducative sur le rôle du Street Angel», précise la notice d’utilisation, afin de prévenir tout risque de débordement… L’application fonctionne sur l’ensemble du territoire français. Questions à la créatrice de HandsAway.
Quel est votre parcours ?
Je suis née dans Paris intramuros et y vis toujours, une vraie TITI parisienne. Je suis issue d’une famille modeste avec des parents fonctionnaires. Mon parcours scolaire : BAC littéraire option théâtre puis des études professionnelles de photographie. J’ai eu ensuite l’idée de ma première entreprise: Dessine-moi un soulier. Le premier site internet de personnalisation de chaussures made in France. La société est toujours sur ses rails et continue de grossir, avec à la tête mon ancienne associée.
Quand avez-vous eu l’idée de créer cette application ?
J’ai eu l’idée de créer HandsAway après une agression sexiste de trop (1), il y a maintenant un an. J’ai mis 6 mois à développer l’application, en termes de développement, TEST et lancement.
Que vous est-il arrivé ?
La dernière agression sexiste que j’ai subie c’était dans le métro à Paris. Un homme a sorti son sexe pour l’exhiber. J’ai été paralysée et extrêmement choquée, je n’ai pas su quoi faire. Je ne me sentais pas légitime d’aller porter plainte ! J’ai senti un réel vide en termes d’actions et de possibilité pour lutter. Un cri de colère car c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase! Je ne vous parle pas des insultes, des commentaires sur mon physique ou encore d’un homme qui m’avait suivi… «Il fallait agir.»
Qu’est-ce qui vous a frappé?
L’inaction des gens autour de moi, alors qu’il y avait énormément de monde ! Je pense qu’il faut sensibiliser le maximum de personnes, pour que les agressions sexistes arrêtent d’être banalisées et soient vraiment considérées comme des actes graves.
Votre application repose sur le principe des «street angels»… Mais ça n’existe pas en France ?
Tous les utilisateurs de l’application HandsAway sont des StreetAngels par définition. Nous souhaitons responsabiliser tous les users HandsAway. Nous nous plaignons en permanence d’un monde de plus en plus égoïste et individualiste, donc les actions d’entraide devraient être des outils attendus. Nous allons mener et pousser ce nouvel élan solidaire, «Ensemble, plus fort que seul !».
Votre application fonctionne sur le modèle de la solidarité citoyenne ?
HandsAway fonctionne sur une communauté engagée et solidaire, avec des citoyens qui souhaitent aider son prochain. Lorsqu’une femme est victime d’une agression sexiste (1), les StreetAngels à proximité recevront l’alerte et pourront La réconforter en créant un dialogue.
Peut-être serait-il utile que la police soit également connectée à cette application ?
Absolument, nous essayons de rentrer en contact avec les autorités légales. Nous souhaitons créer une cartographie nationale des agressions sexistes, afin d’avoir des données quantitatives et qualitatives pour que les autorités légales puissent agir en conséquence.
Existe-t-il une application semblable dans d’autres pays ?
Il existe une application aux Etats-Unis ainsi qu’au Royaume Uni pour partager son trajet avec ses proches. Si la personne dévie de son chemin, les proches peuvent agir. Sur le modèle de HandsAway, aucune application n’est comparable aujourd’hui. Nous allons développer également une nouvelle fonctionnalité, le premier co-piétonnage entre citoyens pour éviter les agressions sexistes. Les femmes aujourd’hui évitent de prendre les derniers transports en commun ou emprunter de court trajet tard le soir par crainte. L’idée étant de fédérer les utilisateurs HandsAway sur un même trajet afin de se sécuriser.
Quel budget avez-vous investi dans ce projet ?
J’ai fait une levée de fonds pour pouvoir développer l’application HandsAway qui demandait quelques milliers d’euros pour être développée. L’application HandsAway est totalement gratuite. Nous générons du profit avec une partie B2B. Nous avons développé le premier co-piétonnage entre collaborateurs. L’idée étant de favoriser de la solidarité, de l’éco-mobilité en transports en commun et également de la sécurité entre collaborateurs.
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(1) LE SEXISME. Alma Guirao désigne de façon très maladroite les agressions sexuelles comme des «sexistes». Pour rappel : le sexisme se définit comme un préjugé basé sur le sexe. Il consiste à attribuer aux femelles un rôle passif, des prédispositions intellectuelles inférieures, une forte propension au shopping, une irritabilité naturelle (frôlant l’hystérie), un besoin d’amour lancinant et des caractéristiques psychologiques «maternelles» (tendresse, douceur). Le sexisme consiste à donner aux mâles un rôle actif, des prédispositions aux sciences dures, une puissance physique supérieure (peu importe le physique du mâle en question), des besoins sexuels irrépressibles et des caractéristiques psychologiques «de guerrier» (indélicatesse, brutalité, voire bêtise). Il ne me semble pas que l’exhibitionnisme soit sexiste, pas plus que les attouchements : celui qui se masturbe en public ou pelote une fille ne pense pas forcément que celle-ci est tout juste bonne à faire la vaisselle… En tout cas, la question n’est pas là. Il me semble donc tout à fait déplacé de désigner HandsAway comme une application contre les agressions sexistes (la belle affaire !). Mais c’est un détail… L’essentiel est que HandsAway permette de réagir si on assiste à une agression sexuelle.
LE SEXISME EN 4 ARTICLES :
«L’érotisme c’est du sexisme-1»,
«L’érotisme c’est du sexisme-2»,